Dans une tribune publiée à la faveur d’Halloween, près de 200 personnalités réhabilitent la figure de la sorcière pour en faire un symbole féministe. Parmi les signatures, on trouve la Secrétaire d’État chargée) de l’Égalité, Marlène Schiappa, l’actrice et chanteuse Charlotte Gainsbourg ou encore la chercheuse et présidente de l’association Parler Sandrine Rousseau.
Une description dégradante de la sorcière
Près de 200 femmes ont signé une tribune censée réhabiliter la figure de la sorcière pour en faire un symbole féministe. Pour ces personnalités, les chasses aux sorcières dans le passé n’étaient qu’une forme ancienne de féminicides dans une société alors largement misogyne. C’est pourquoi, elles se déclarent « sœurs de toutes celles qui aujourd’hui encore, parce qu’elles sont femmes, risquent la violence et la mort ».
Dans cet appel, doublé d’une pétition sur Change.org, les signataires reviennent d’abord sur la représentation de la sorcière dans l’histoire. Un « nez crochu surmonté d’une immonde verrue, des dents cariées, des doigts flétris, griffus », un « visage marqué de rides dévorantes et de cheveux blancs qui transpirent la mort ». Puis ce « décolleté plongeant » qui « n’a qu’un seul but : attirer le regard de l’imprudent. La robe sexy et les talons hauts complètent le tableau pour mieux mettre en valeur une longue chevelure aux couleurs chaudes, forcément indécente. Et que dire du balai? Emblème de la domestication des femmes transformé en engin phallique sur lequel les sorcières ont tout pouvoir et qu’elles chevauchent pour grimper jusqu’au ciel? ».
Les hommes ont éhontément volé la science des femmes
Au fil des siècles, « le féminin est devenu l’emblème de la duplicité et de la cruauté, surtout quand il incarne le pouvoir ». Les hommes, pour donner une justification à leur viol, leur harcèlement et autres comportements brutaux, ont accusé les veuves, les célibataires et les femmes libres de tous les maux. Pis, « En Europe, les femmes qui maîtrisaient l’art de soigner étaient pourchassées. Guérisseuses, sages-femmes, avorteuses, elles savaient utiliser les plantes médicinales, et dispenser une médecine aux gens du peuple dont elles faisaient majoritairement partie. Et pendant qu’elles devaient répondre de cette science devant des juges, les hommes accaparaient la médecine qui devenait leur noble propriété intellectuelle ».
« Nous nous déclarons filles spirituelles des sorcières, libres et savantes »
Les femmes vivaient constamment « dans l’angoisse de se voir désignées responsables d’un accident, d’une maladie, d’une sécheresse, des difficultés d’un couple à avoir un enfant ou d’un mauvais rêve ». Aujourd’hui, les exécutions de sorcières se sont transformées en féminicides, les hommes ne pouvant plus invoquer les arguments farfelus du passé.
« Nous nous déclarons filles spirituelles des sorcières, libres et savantes. Nous nous déclarons sœurs de toutes celles qui aujourd’hui encore, parce qu’elles sont femmes, risquent la violence et la mort. Sorcières d’hier, sorcières d’aujourd’hui. Sorcières de tous les pays. Sorcières femmes – et hommes qui nous soutenez -, disons haut et fort notre solidarité et notre sororité », lancent ces autrices.
Quelques personnalités ayant apposé leur signature
Pour n’en citer que quelques-unes : la cinéaste suisse Fabienne Abramovich, la Porte-parole d’Osez le Féminisme ! Alyssa Ahrabare, l’enseignante sorcière Véronique Amblard Zekri, la Fondatrice de Pluségales Cécile Bonthonneau, l’eurodéputé belge Saskia Bricmont, la psychanalyste argentine Graciela Brodsky, l’écrivaine et chercheuse féministe Laura Carpentier etc.