France : de quoi les attaques contre les prisons sont-elles le nom ?

Les récentes offensives visant de nombreux établissements pénitentiaires sur le territoire français ont laissé les autorités perplexes quant à l’identité des commanditaires.

Alors que le contexte international, marqué par le peu d’égard des États-Unis de Donald Trump vis-à-vis de leurs alliés, incite à un réarmement, la France semble confrontée à un ennemi intérieur. Entre le dimanche 13 et le mercredi 16 avril, les prisons du pays ont ainsi essuyé une série d’attaques.

Des véhicules incendiés, des survols de drones et des tirs à balles réelles ont été enregistrés près de plusieurs lieux de privation de liberté à travers l’Hexagone, allant d’Amiens à Lyon, sans oublier Marseille ou encore Nanterre.

Au total, 14 attaques distinctes avec divers dégâts matériels, mais sans perte en vies humaines. De quoi mettre l’administration pénitentiaire désormais en état d’alerte maximale. Une mobilisation générale au plus haut niveau motivée également, d’après Le Monde, par la crainte d’un effet de contagion.

Reste que plusieurs jours après les dernières attaques, aucune piste claire ne semble se dégager, comme en témoigne le procureur de la République antiterroriste, Olivier Christen, en charge du dossier.

Un mystère bien entier

« Tout est possible, il n’y a pas de pistes qui soient fermées dans nos investigations. Ça peut être des groupes de radicalisés politiques, ça peut être des groupes plus liés avec la criminalité organisée, ça peut être aussi une convergence d’objectifs et de personnes qui se manipulent les uns les autres : tout est possible« , a-t-il indiqué jeudi 17 avril sur Franceinfo, ajoutant qu’il n’y avait pas eu de ciblage spécifique de profils.

À en croire Le Monde, l’enquête s’intéresse à un compte Telegram nommé « DDPF » (pour « Défense des droits des prisonniers français« ) en référence aux tags retrouvés sur plusieurs lieux des attaques.

Sur ce compte créé dès la nuit du samedi au dimanche, avant même les premières actions, un texte de revendication politique a été publié, dénonçant « les atteintes aux droits fondamentaux » auxquelles le ministre de la Justice Gérald Darmanin « compte porter atteinte ».

Les revendications ciblent la réduction des promenades, le coût prohibitif des cabines téléphoniques, la suppression d’activités entravant la réinsertion. Elles dénoncent aussi les surveillants accusés de violences physiques et psychologiques.

Un contexte explosif

La diversité des modes opératoires, oscillant entre celui propre aux narcotrafiquants et la mouvance antifasciste, complexifie davantage l’identification des responsables. Mais le contexte pourrait apporter quelques éléments de réponse.

Les attaques interviennent dans un contexte particulièrement tendu, marqué par le projet controversé de « narcoprisons » porté par Gérald Darmanin. Ces établissements ultrasécurisés, dont les premiers ouvriront en juillet à Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais) et Condé-sur-Sarthe, doivent regrouper les narcotrafiquants les plus dangereux.

Sébastien Cauwel, directeur de l’administration pénitentiaire, a prudemment évoqué sur BFM-TV un possible « lien entre ces faits et l’évolution très ferme de la politique de lutte contre la criminalité organisée » décidée par le Garde des Sceaux.

Toutefois, certains experts restent sceptiques quant à l’implication directe des réseaux de narcotrafic. « Le trafic a d’abord besoin de calme pour prospérer. Je ne vois pas du tout l’intérêt de la DZ Mafia – organisation criminelle basée à Marseille -, à enclencher un rapport de force avec l’État pour défendre la condition des détenus« , analyse auprès du Monde,  un ancien détenu devenu intervenant en prison.

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