L’entité créée par l’administration Trump pour réduire les dépenses fédérales se dévoile progressivement au fil de ses interventions sur le terrain. On découvre une armada de collaborateurs issus de la galaxie d’Elon Musk, le milliardaire proche du président américain, parmi lesquels figurent de jeunes à peine sortis de l’université.
Trois semaines après sa création par décret présidentiel signé de Donald Trump, le Département de l’Efficacité Gouvernementale (Doge, en anglais) revendiquait un milliard de dollars de coupes budgétaires sur les 2 000 milliards promis dans le cadre de sa mission de 18 mois.
Chargée de « moderniser la technologie et les logiciels fédéraux pour maximiser l’efficacité et la productivité gouvernementales », la structure dirigée par l’homme d’affaires Elon Musk cristallise les tensions.
Il est ainsi perçu par ses détracteurs comme l’extension du pouvoir sans limite de l’homme le plus riche du monde – Musk – engagé dans un remodalge de l’État fédéral selon ses dogmes : une approche technologique de l’État et un retour au conservatisme américain entre autres.
Des profils atypiques
Pour ses défenseurs, il représente enfin l’outil de démantèlement tant espéré d’une bureaucratie centrale jugée inefficace et dispendieuse. Si le Doge fait la une des médias ces derniers jours pour ses interventions au sein de plusieurs agences fédérales, l’organisation elle-même reste largement méconnue.
Il ne dispose ni d’adresse connue. Les processus de recrutement comme les critères de sélection des membres représentent un autre mystère.
Quant aux profils de ces derniers, la presse américaine révèle un groupe étonnamment homogène de jeunes prodiges de la technologie, tous liés d’une manière ou d’une autre à l’empire d’Elon Musk, déployés sur le terrain.
Le magazine Wired en a notamment identifié six, âgés de 19 à 24 ans, dont l’un fraîchement sorti du lycée. « Beaucoup d’entre eux sont à peine assez vieux pour commander un verre », ironise le site conservateur The Free Press au sujet de ces « DOGE Kids » qui revendiquent pourtant l’accès aux données les plus sensibles de l’administration américaine, dont celles du département du Trésor.
Des méthodes contestées
“Ce que nous observons est inédit : des acteurs extérieurs, qui ne sont même pas des fonctionnaires officiels, obtiennent un accès aux données gouvernementales les plus sensibles”, s’alarme Don Moynihan, professeur de politique publique à l’Université du Michigan, alors que l’approche peu conventionnelle de cette structure soulève des inquiétudes.
Des associations et syndicats de fonctionnaires ont ainsi formulé plusieurs plaintes ces derniers, notamment concernant l’installation par les équipes du Doge de serveurs non autorisés sur les réseaux gouvernementaux.
Les conflits d’intérêts potentiels sont un autre sujet de crispation. Musk étant simultanément à la tête de six entreprises privées tout en supervisant cette restructuration de l’État fédéral décrite par certains comme « un coup d’État ».
Si la Maison Blanche assure qu’il se récusera le cas échéant, l’absence de contrôle parlementaire – la majorité républicaine bloquant toute demande d’audition démocrate – ne fait qu’amplifier les craintes.