Depuis plusieurs mois, les influenceurs de l’astrologie ont la cote sur les réseaux sociaux. Les internautes les sollicitent pour consulter les astres afin de découvrir leur avenir ou pour interpréter des signes mystérieux. Mais cette pratique ne donne aucune garantie selon des spécialistes très cartésiens.
Très en vogue depuis quelques années, le métier d’influenceurs et d’influenceuses dispose en 2024 d’un large spectre. On n’a plus seulement des célébrités qui montrent leur plastique, tout en faisant du placement de produits. Il y a de plus en plus de niches, dont celle de l’astrologie. Ces derniers mois, les influenceurs et influenceuses spécialisés dans les arts divinatoires ont la cote sur les réseaux sociaux. Ils enregistrent des dizaines de milliers d’abonnés et font du chiffre…
Les influenceurs de l’astrologie s’entourent de spécialistes
Parmi les influenceuses les plus connues figurent Jenny Fink ou Jenny Finkelstein. La jeune dame (31 ans) compte plus de 157 000 abonnés sur ses comptes TikTok et Instagram. Elle a découvert les arts divinatoires aux Etats Unis, puis a décidé de se lancer dans cette voie une fois de retour en France en 2020. Cette diplômée en marketing dispose d’une équipe d’astrologues, de tarologues, de cartomanciennes et de numérologues pour mieux servir ses abonnés. Ces spécialistes publient chaque jour des horoscopes ainsi que des conseils spirituels.
Influenceurs de l’astrologie, un métier très bien payé
Face au succès, Jenny Fink a dû créer un site internet et lancé une ligne d’assistance (hotline), dédiée aux questions des internautes. Les abonnés peuvent la joindre et lui poser des questions via un chatbot. Il faut débourser 10 euros pour une question, 25 pour un conseil et 100 euros par mois pour l’accompagnement. Certains services sont gratuits, comme ce qu’elle appelle « messages de l’univers ». A l’instar de Jenny Finkelstein, plusieurs autres « sorcières modernes » cartonnent sur les réseaux sociaux. Outre l’astrologie, elles prétendent faire du coaching et du développement personnel.
Les jeunes et les femmes plus enclins à croire en la sorcellerie
Cette tendance à la guidance en ligne séduit particulièrement les jeunes femmes. Plus de neuf abonnés sur dix seraient des femmes, et surtout de jeunes filles. Mais elles ne sont pas seules à mettre leur foi en cette pratique. Selon une étude Ifop parue en mai 2022, au moins 28% de la population croyait en la sorcellerie en 2020, contre 21% en 2000. L’institut de sondage relève un pic de 40% chez les moins de 35 ans, et de 73 % chez les 18-24 ans. Tous ces Français se posent mille et une questions, notamment sur leur destin, leur signe astrologique, leur chance en amour ou dans les affaires, etc.
Les influenceurs de l’astrologie prospèrent dans une société anxiogène
Certains sont tout simplement en quête de sens philosophique à leur existence. Nicolas Roussiau, professeur de psychologie à l’université de Nantes, pensent que toutes ces personnes ressentent en vérité un besoin de contrôle dans une société devenue très anxiogène. Les adolescents sont ceux qui seraient le plus désorientés, d’où leur grand intérêt pour les arts divinatoires. Ils vivent parfois mal le passage à l’âge adulte, une période complexe.
Des risques de dérives sectaires et d’escroqueries
Serge Bret-Morel, ancien astrologue et auteur reconverti dans la critique de l’astrologie, estime pour sa part qu’il n’y a aucune « pertinence » dans l’astrologie « populaire ». Selon lui, celle-ci utilise grossièrement les horoscopes pour prospérer. Plutôt inquiet du succès de cette pratique, il met en garde contre les risques de dérives sectaires et d’escroqueries. La profession d’astrologue 2.0 nourrirait un grand nombre d’apprentis sorciers exploitant la naïveté des internautes. Il appelle à la régulation de ce milieu.