La Banque centrale européenne (BCE) a opté pour un nouveau relèvement de ses taux directeurs pour les porter à 4%, son plus haut niveau historique. Elle explique cette dixième hausse consécutive par la nécessité d’obtenir un retour au plus tôt de l’inflation au niveau de l’objectif à moyen terme, c’est-à-dire 2%.
Le 14 septembre dernier, pour la dixième fois consécutive, la Banque centrale européenne (BCE) a porté à 4% ses taux directeurs. Soit le plus haut niveau depuis 1999. On s’attendait pourtant à ce qu’elle maintienne, pendant longtemps, le taux précédent. François Villeroy de Galhau, le gouverneur de la Banque de France (BdF), avait même déclaré qu’il était fort probable qu’elle gèle son taux d’intérêt de référence. Ce serait une stratégie plus efficace qu’une augmentation significative.
Un taux d’inflation encore loin des objectifs
Commentant sa nouvelle hausse des taux directeurs, la BCE a expliqué qu’elle contribuera « fortement au retour au plus tôt de l’inflation au niveau de l’objectif ». L’institution financière vise un taux annuel de 2,9% en 2024 et 2% à moyen terme. Mais on en est encore loin. En effet, la hausse des prix s’est établie à 5,9% en août, contre 6,1% en juillet, d’après des chiffres d’Eurostat. Si elle a considérablement ralenti ces derniers mois, le rythme de réduction ne permet pas d’espérer l’attente des objectifs l’année prochaine.
Une hausse douloureuse, mais nécessaire
La Banque centrale européenne a donc décidé de maintenir sa politique des taux directeurs pour hâter le ralentissement de l’inflation. L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) est d’accord avec l’institution. Elle estime que la hausse des taux d’intérêt est nécessaire, même si elle sera « douloureuse ». Douloureuse parce qu’elle pourrait avoir des conséquences néfastes pour la croissance de la zone euro.
Recul de la croissance dans l’Union européenne
Les économistes européens ont déjà prévu une légère croissance de 0,7 % cette année (contre 3,6 % en 2022), avec un maintien de l’inflation au niveau actuel. Leur prédiction repose sur divers facteurs. Parmi lesquels la hausse des salaires pour renforcer le pouvoir d’achat, la pénurie de main-d’œuvre et l’augmentation des coûts de production dans l’industrie à cause de la flambée des tarifs de l’énergie. Tous ces indicateurs font pointer à l’horizon une récession dans la zone euro.
Pas de risque de récession en France
Le contexte inflationniste permanent porte déjà un sérieux coup à certaines économies. En particulier l’Allemagne, locomotive de l’UE, dont le PIB a reculé de 0,3% de janvier à mars 2023. Les indices actuels ne donnent pas les garanties d’une reprise. En revanche, la France résiste plutôt bien. L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a relevé sa prévision de croissance cette année à 1%, contre 0,8% auparavant. Selon le gouverneur de la BdF, François Villeroy de Galhau, la seconde économie de la zone euro ne connaitra pas de récession.
Les taux d’intérêt, une erreur stratégique pour Didier Maurin
Si l’OCDE et François Villeroy de Galhau se montrent confiants pour l’économie française, l’AMF et Didier Maurin tirent quant à eux la sonnette d’alarme concernant l’impact des taux d’intérêt sur la croissance. Ces experts affirment notamment qu’une inflation maîtrisée désendette les pays. Ils ajoutent que la hausse des taux d’intérêt peut détruire la croissance et créer un phénomène de récession bien plus problématique que l’inflation.