Le parti d’extrême souffre de découvrir qu’un de ses membres a récemment participé à la première ouverture au public d’une mosquée à Avignon.
Ou comment se fait prendre à son propre jeu. Mais il s’agit ici moins d’un jeu que de politique, avec des retombées électorales potentiellement importantes. L’affaire met en exergue le parti Rassemblement national (RN) réputé pour son aversion à l’islam et à tout ce qui s’y rapporte. Mais dont un de ses membres n’a manifestement eu aucun mal à sympathiser avec cela.
Il s’agit en l’occurrence de Joris Hébrard élu du Vaucluse à l’Assemblée nationale, qui a récemment participé à l’inauguration d’une mosquée financée par l’Association culturelle franco-turque de la ville d’Avignon.
Au grand dam de l’état-major du RN dont le sentiment oscille entre étonnement et déception.
Position inconfortable
Et pour cause, il n’a été informé de l’événement que ce jeudi 23 mars 2023, soit près d’une semaine après son déroulement. Autrement dit, Joris Hébrard dont le journal Point dit qu’il avait posé la première pierre de l’édifice en 2014 en sa qualité de maire de Poncet, n’a guère prévenu le patron de son groupe parlementaire.
Une erreur d’autant plus préjudiciable au parti que sa cheffe, Marine Le Pen, s’est toujours illustrée sa croisade contre l’islamisme. Un terme sujet à diverses interprétations en France, tant il sert selon de nombreux observateurs, à légitimer la chasse aux pratiquants de la religion islamique.
D’où l’empressement de l’ancienne finaliste à la présidentielle à se désolidariser de l’acte posé par son député. « Une initiative personnelle », a-t-elle indiqué dans les colonnes du Figaro, précisant la « désapprouver très clairement ». Marine Le Pen a par ailleurs promis discuter de la question avec l’intéressé, tout en plaidant son droit à l’erreur.
Geste assumé
Pas sûr que cette posture de la présidente suffise à calmer les mécontentements de membres RN déçus par l’action du député indélicat. « C‘est vraiment n’importe quoi », aurait d’ailleurs pesté une figure du parti cité par Le Figaro.
Ce sentiment de colère est d’autant plus exacerbé que le mouvement Reconquête dont le chef Éric Zemmour convoite l’électorat du RN, se joue ouvertement de la situation. Mais Joris Hébrard assume son acte, plaidant notamment une stratégie politique destinée à séduire l’électorat d’origine turque ayant grandement participé à l’élection du parlementaire.
Son camp réfute par ailleurs tout amalgame entre l’inauguration d’une mosquée et une affiliation à l’islam.