Le tabloïd allemand s’est séparé de son rédacteur en chef, coupable de relations inappropriées avec des femmes au travail. Une issue inévitable pour la filiale du groupe de presse Axel Springer dont le soutien pour le journaliste vedette commençait à faire jaser.
Un grand journal qui voit l’un des responsables éditoriaux s’en aller, cela fait naturellement parler, même s’il n’y a aucune affaire derrière. Mais alors quand les choses se déroulent sur fond d’accusation d’abus de pouvoir, la résonnance n’en est que plus grande. C’est le cas chez Bild depuis lundi 18 octobre et le limogeage de son rédacteur en chef, Julian Reichelt, longtemps accusé de conduites inappropriées avec les femmes au travail. Le célèbre titre allemand ne donne aucune indication sur les faits spécifiques de cette décision, mais son origine ne fait aucun doute.
L’évincement de celui qui était jusque-là le visage de Bild est en effet intervenu 24 heures seulement après la parution d’un article du New York Times (NYT) dans lequel l’intéressé est accusé d’avoir promu une stagiaire avec laquelle il entretenait une liaison intime, avant de la larguer. Cette affaire était à l’origine du déclenchement en mars dernier d’une commission d’enquête visant Julian Reichelt. D’abord suspendu durant la procédure, le journaliste de 41 ans avait très vite retrouvé son poste même en étant chaperonné par une collègue d’un autre titre appartenant à Axel Springer, maison-mère de Bild. Raison évoquée par cette dernière : Incohérence dans les témoignages de la victime.
Sexe, argent et sentiment d’impunité
Julian Reichelt avait alors fait amende honorable à propos du mélange des genres tout en réfutant l’idée d’un quelconque abus de pouvoir. On croyait l’incident clos jusqu’à son limogeage lundi. Depuis, les langues se délient autour de sa personne aussi bien dans les médias outre-Rhin qu’aux États-Unis où Axel Springer récemment acquéreur de journal Politico entend s’implanter.
Der Spiegel informait ainsi quelques heures après son départ que Julian Reichelt, ancien reporteur de guerre promu à la rédaction en chef de Bild en 2017, était un personnage controversé notamment pour ses rapports avec les femmes. Avec lui, indique le magazine, le mode opératoire pour s’assurer des relations sexuelles avec ses subalternes était toujours le même : approche intéressée et promotion à de hauts postes de responsabilité.
Des faits datant de 2016 qu’Axel Springer a semblé passer sous silence ont été documentés par le Spiegel. Et pour cause, la ligne droitière adoptée par Bild ces dernières années sous la direction du journaliste indélicat était selon le NYT, appréciée de sa hiérarchie. Mais cette dernière a été obligée de lâcher sa tête de gondole à mesure que les accusations s’accumulaient contre lui.