Le championnat de football espagnol va céder 10 % de son capital à un fonds d’investissement pour les 50 prochaines années contre 2,7 milliards d’euros. L’opération qui doit encore être approuvée par les clubs de l’élite apparaît comme une bouffée d’oxygène pour ces derniers. Gare au piège.
Que ne ferait-on pas pour renflouer un peu ses caisses dans cette conjoncture économique difficile. La Liga en tout cas est disposée à tout. En témoigne l’accord qu’elle vient de passer avec CVC Capital Partners. Le fonds d’investissement de droit luxembourgeois s’est en effet engagé à verser 2,7 milliards d’euros au championnat espagnol contre une prise de capital de 10% durant 50 ans. L’accord annoncé mercredi 4 août a été ratifié par les deux parties le même jour en attendant son approbation par une majorité des 42 clubs de première et de seconde division concernés.
D’après les modalités du deal, 90% de la somme reçue par la Liga sera réparties entre les clubs selon le niveau de gains issus des droits télévisuels ces six dernières années, dans un but de développement infrastructurel entre autres. Ainsi, le Real Madrid et le FC Barcelone, les deux plus grandes écuries du foot espagnol, devraient respectivement toucher 261 et 270 millions d’euros.
Un cadeau empoisonné ?
Cela devrait en principe ravir ces deux clubs actuellement dans une impasse financière. La situation est si catastrophique que le Barça n’est guère pour l’instant en mesure de procéder au renouvellement du contrat de sa star de toujours, Lionel Messi. Mais cette manne financière presque tombée du ciel est conditionnée par certaines contreparties qui la rendent vénéneuse.
À commencer par la durée du contrat. Durant 50 ans, CVC Capital Partners se verra verser 10% des revenus liés aux médias et au sponsoring de la Liga, selon Tariq Panja, le journaliste du New York Times qui a révélé le deal en exclusivité. Sachant que ces deux secteurs génèrent régulièrement plus que le milliard d’euros, le retour sur investissement s’avère juteux pour CVC. Et ce dernier rognerait par là même sur ce qu’étaient censés percevoir les différents clubs. C’est pour cette raison d’ailleurs que le Real Madrid et le Barça ne seraient pas enclins à approuver la transaction malgré leurs soucis de liquidités. Une opposition qui pourrait toutefois ne rien changer puisque l’entrée en vigueur de l’accord nécessite l’approbation de la majorité des 42 équipes concernées. Le vote prévu pour le 15 août lors d’une assemblée spéciale ne manquera pas d’intérêt.