La quadruple vainqueure de Grand Chelem a fait sensation cette semaine en se retirant de Roland Garros pour préserver sa santé mentale. À quel point cela peut-il contribuer à lever le voile sur les problèmes psychologiques auxquels sont quotidiennement confrontés les athlètes de haut niveau ?
Le cas Naomi Osaka préfigure-t-il d’un lendemain heureux pour le monde du tennis ? Plus généralement, les sportifs de haut niveau seront-ils à l’avenir plus enclins à s’ouvrir au monde à propos de leur démon intérieur ? Autant de questions qui jaillissent depuis le 31 mai dernier. Ce jour-là, Naomi Osaka prend la décision de se retirer du tableau dames de Roland Garros. La conséquence d’une situation née quelques jours plutôt et qui a malheureusement tourné au bras de fer entre la joueuse de 23 ans et les organisateurs du tournoi parisien.
À son arrivée à Paris, Osaka se fend via Twitter le 26 mai d’un message dans lequel elle annonce son intention de ne pas prendre part aux conférences de presse d’après-match tout au long de la quinzaine. À l’en croire, l’exercice médiatique qu’elle décrit comme redondant en rajouterait à ses problèmes d’anxiété et la ferait douter de ses capacités sur le court. Dans l’opinion, l’annonce est diversement commentée. Les responsables de Roland Garros publient dans la foulée un communiqué pour rappeler la joueuse à ses obligations vis-à-vis des médias sous peine d’être sanctionnée.
Un retrait et après ?
Mais cela ne la dissuade pas pour autant. Naomi ne se présentera pas en conférence de presse suite à son premier match. Verdict du tournoi : 15 000 dollars d’amende et la menace de l’expulser de la compétition en cas de multiples récidives. Menace d’autant plus sérieuse qu’elle émanait de l’ensemble des quatre tournois du Grand Chelem. Dépassée par la tournure des événements, la joueuse nippo-haïtienne décide finalement de se retirer de la compétition en indiquant avoir souffert depuis son éclosion à l’US Open 2018 d’épisodes d’anxiété aggravée par ses face-à-face avec les médias.
Dans l’opinion, on accuse les instances du tennis d’avoir poussé Naomi Osaka à une telle extrémité. Surtout, les gens ne comprennent pas comment on peut sanctionner un joueur en souffrance plutôt que de l’aider. D’autant que la question de la santé mentale des sportifs est longtemps restée taboue. Au-delà de l’opportunité discutable des conférences de presse à l’ère des réseaux sociaux, beaucoup espèrent que cette prise de position inédite d’Osaka contribuera à un meilleur traitement des problèmes psychologiques dans le sport. D’autres, moins optimistes craignent que la gestion du cas de la championne ne pousse les joueurs en souffrance à se murer davantage dans le silence.