Le Mali est en pleine reconstruction depuis le départ d’Ibrahim Boubacar Keita, le 18 août dernier, à la suite d’un coup d’Etat. En deux mois, le pays a pu mettre en place un gouvernement de transition national et attend maintenant de constituer un Conseil National de Transition. Pratiquement absente de la nouvelle équipe, l’opposition « traditionnelle » tente de se repositionner.
En juin dernier, le peuple malien a pris son destin en main à travers une mobilisation exceptionnelle, encadrée par le Mouvement du 5 juin (M5). Il parviendra, avec l’aide des militaires, à chasser du pouvoir Ibrahim Boubacar Keita (IBK), le 18 août 2020. Cette victoire acquise de haute lutte portera évidemment la griffe du M5 et de la junte, qui prendront soin de peser dans la transition. En septembre, les deux parties ont adopté une Charte de la transition, qui devrait durer 18 mois. Puis ils ont désigné le président de la Transition, le Gal Bah N’Daw, et son premier ministre Moctar Ouane. Ce dernier a formé un gouvernement de 25 membres, le lundi 5 octobre dernier.
Mettre rapidement fin au vide institutionnel
Cette nouvelle équipe ne comprend pas les principaux leaders de l’opposition comme l’ancien premier ministre Moussa Mara et le député de Kayes Aliou Diallo. Au plus fort de la contestation, celui-ci avait appelé à la formation d’un gouvernement de large ouverture. Son parti ADP-Maliba avait même indiqué qu’il prendrait bien quelques postes. Mais les militaires et le M5 en décideront autrement. Ce qui n’empêche pas Aliou Diallo de continuer à se rendre disponible et à faire des propositions pour conduire le Mali sur le chemin de la stabilité et d’une paix durable.
Dans une nouvelle tribune sur ses réseaux sociaux, il a appelé à mettre fin au vide institutionnel. « A présent, après l’étape de l’installation de l’exécutif, j’invite les autorités maliennes à procéder rapidement à la formation du Conseil National de Transition afin que le fonctionnement de l’Etat soit effectif avec un Exécutif, un pouvoir judiciaire et un organe législatif », a écrit Aliou Boubacar Diallo.
Aliou Diallo a discuté avec Moussa Mara
Le chef de file montant de l’opposition travaille aussi à repositionner son parti dans la nouvelle sphère politique nationale, très remaniée. Après avoir formé une coalition dans certaines circonscriptions lors des législatives, le député de Kayes se rapproche des autres poids lourds de l’opposition, pour une éventuelle alliance en vue de la prochaine présidentielle. Aliou Diallo a par exemple reçu l’ancien Premier Ministre Moussa Mara du parti Yelema, avec qui il a eu un entretien le lundi 19 octobre. « Nous avons discuté de la situation nationale et des perspectives d’avenir pour notre pays », a confié celui qui a fini troisième de la dernière présidentielle.
Assurément, les deux hommes ont aussi parlé des échéances à venir, en premier lieu les législatives. Pour rappel, à l’issue des élections législatives de mars-avril, ADP-Maliba a obtenu 8 sièges, soit 5 de plus que lors du précédent scrutin en 2013. Il s’agit de Kayes (1 siège) avec Aliou Diallo lui-même, Niono (2), la Commune V (1), Ségou (1), Nara (1), Sikasso (1) et Banamba (1). Le parti de la Balance avait conduit des coalitions formées avec l’ADEMA-PASJ, le RPM, l’URD, le CFP – FCD et PARENA. Cette percée aux législatives a permis à Aliou Diallo de prendre la tête du groupe parlementaire Benso, fort d’une vingtaine d’élus.