Cette traque de Dupont de Ligonnès qui agite le web

L’influenceur Aqababe et sa communauté de followers sur les réseaux sociaux se sont lancés dans une quête ambitieuse : résoudre l’une des plus grandes énigmes criminelles françaises. Cette investigation collective, qui suscite un engouement considérable sur internet, s’avère toutefois jonchée de fausses pistes et d’allégations non vérifiées.

« On peut se cacher de la police, mais on ne peut pas se cacher de tout le monde ». Comme l’affirme Laura, interrogée par CheckNews, la cellule de vérification des faits du quotidien Libération, ils sont plus de 190 000 internautes à se lancer dans une chasse à l’homme hors du commun : celle de Xavier Dupont de Ligonnès.

Cet homme, né le 9 janvier 1961 à Versailles et plus connu sous l’acronyme XDDL, est recherché depuis 2011 par les autorités françaises pour le meurtre présumé de sa famille – sa femme, ses quatre enfants ainsi que leurs deux chiens – sans que personne n’ait pu le localiser depuis lors.

Personne, sauf Aqababe apparemment. De son vrai nom Aniss Zitouni, ce Lyonnais de 27 ans s’est fait connaître par ses méthodes à la limite de la légalité concernant des personnalités publiques, notamment par la publication de leurs photos intimes sans autorisation.

Entre fantasme et réalité

L’homme suivi par 1,1 million d’abonnés sur Instagram (IG) fait également l’objet de plusieurs condamnations pour diffamation, injures publiques et menaces de mort. À cela s’ajoutent selon Le Monde, cinq nouvelles plaintes pour « pratiques commerciales trompeuses, escroquerie et abus de confiance ».

Cette réputation peu flatteuse n’est pas de nature à entamer la foi de ses fans – qu’il surnomme « Chipies »– envers lui. Bien au contraire. Depuis le 18 avril 2025, l’influenceur abreuve sa communauté de supposées pistes sur la localisation de XDDL.

D’Aubagne dans le sud-est de la France, les « nouveaux enquêteurs du web » se son retrouvés à Malte en passant par Versailles ou encore à Peymeinade dans les Alpes-Maritimes.

Avec bien des fois, la diffusion publique d’informations personnelles concernant des tiers, et des photos décrites comme représentant le fugitif.

Le danger d’une justice parallèle

Il n’en est pourtant rien en réalité. Comme l’indique le procureur de Nantes dans un communiqué publié ce lundi 28 avril, « aucun élément factuel et vérifiable n’a été porté à la connaissance de la juridiction nantaise, pas plus qu’aux services de police saisis, par qui que ce soit, et pouvant attester de la réalité de ces informations« .

Cette mise au point contraste avec les affirmations précédentes d’Aqababe à propos de la transmission du fruit de ses recherches aux autorités compétentes. Mais le procureur goûterait peu cette démarche, jugée « chronophage pour les enquêteurs » et à l’origine « de beaucoup de fausses pistes et de peu de résultats », d’après RTL.

Malgré cela, le canal Instagram continue de s’animer autour de nouvelles « pistes », de témoignages non vérifiés et de votes émotionnels sur la culpabilité présumée de certaines personnes.

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