L’outil d’intelligence artificielle générative mène la vie dure aux enseignants, qui ne savent plus quelle attitude adopter face à son utilisation massive par les élèves, particulièrement pour la triche.
ChatGPT est le plus célèbre d’entre eux, mais cela peut tout aussi bien être Gemini, Claude ou encore DeepSeek, le dernier-né. Devenus omniprésents dans la société, ces outils d’intelligence artificielle (IA) bousculent les habitudes d’apprentissage à l’école.
Dans les établissements scolaires français en l’occurence, le constat est sans appel, avec une utilisation quasi systématique, comme en témoigne Alice, élève en classe de 3e à Paris, dans Le Monde : « Je dirais qu’il y a peut-être cinq personnes dans ma classe qui n’utilisent pas ChatGPT ».
La popularité de ces robots tient à la fois à leur accessibilité – téléchargeables gratuitement sur smartphone via les plateformes spécialisées – et à leur redoutable efficacité. Ils sont en effet capables de produire des textes cohérents, de traduire des passages entiers ou de résoudre des problèmes complexes.
Le niveau de performance est particulièrement marqué dans les lettres et les sciences humaines. « Vous pouvez lui demander de trouver un exemple, de développer un argument et même de chercher une référence philosophique », explique Marie Perret, enseignante de philosophie et membre du bureau de l’association des professeurs de philosophie Appep, au Monde.
Une inquiétude généralisée
Elle évoque un « recours massif » à l’IA depuis un an, source de grande inquiétude. Car si certains élèvent s’en servent comme assistant pédagogique afin de structurer leurs réflexions ou de trouver des idées, d’autres en revanche l’utilisent sans discernement.
Le chatbot devient ainsi un substitut total à leur travail personnel, notamment dans le cadre des devoirs de maison. « Quand je suis fatigué ou que je n’ai pas le temps, ChatGPT fait mes devoirs d’allemand », avoue sans détour Elliot, lycéen de 16 ans à Cergy, interrogé par Le Monde.
Le corps enseignant se trouve de fait, démuni face à cette révolution technologique. D’autant qu’il est difficile, voire quasiment impossible de déceler le pot aux roses.
Des enseignants impuissants
La plupart des outils de détection ne donnent pas de satisfaction. OpenAI, la firme conceptrice de ChatGPT ayant elle-même mis un terme à un de ses projets dans ce domaine l’année dernière pour défaut de résultats probants.
Plus surprenant, certains parents d’élèves ne trouvent aucun inconvénient à que leurs enfants fassent recours à l’intelligence artificielle. « Un père m’a expliqué qu’il utilisait lui-même l’IA », abonde Marie Perret.
Certains enseignants préfèrent donc désormais adapter leurs méthodes d’évaluation en privilégiant les exercices en classe et repensant les devoirs à la maison. « La triche a toujours existé », rappellent certains professeurs, évoqués par Le Monde.
« Quand ce n’est pas ChatGPT, c’est la grande sœur », ajoute une enseignante de français, non sans fatalisme face à cette nouvelle donne.