L’Hexagone, longtemps considéré comme le joyau de l’attractivité européenne, voit son étoile pâlir depuis selon une récente enquête du cabinet EY.
Le dernier baromètre du spécialiste d’audit EY (Ernst & Young) sur l’attractivité des pays européens n’est pas bon pour la France. Il présente même de sérieux motifs d’inquiétude. Pour cause, l’étude réalisée le mois dernier suggère que l’Hexagone pourrait perdre, pour la première fois en cinq ans, sa couronne de destination la plus attractive du Vieux continent.
En effet, la moitié des 200 dirigeants d’entreprises étrangères présents dans 25 pays différents en Europe estiment que l’attractivité de la France s’est détériorée depuis juin 2024. À tel point que 49% d’entre eux révèlent avoir réduit leurs projets d’investissement sur place.
Preuve d’une situation pour le moins préoccupante, Marc Lhermitte, directeur associé chez EY, indique dans les colonnes du Parisien, que le sentiment prégnant chez 50% des investisseurs interrogés est le même que celui qui prévalait dans le rang de ces derniers ( à 60%) au moment en 2016 au lendemain du Brexit.
À savoir que le tableau est tellement incertain, voire négatif, qu’ils en sont à réduire la voilure. Même si les auteurs de l’enquête précisent qu’il est « évidemment trop tôt pour évaluer l’impact réel sur les montants investis en 2024 ».
Un contexte économique et politique tendu
À l’origine de cette perte de confiance selon les investisseurs, figure trois principales raisons. Le premier tient à la période évoquée pour le début de cette perte d’attractivité. Autrement dit, le mois de juin et les incertitudes nées de la dissolution surprise de l’Assemblée nationale par le président Emmanuel Macron.
Une décision qui semble depuis s’être politiquement retournée contre le patron de l’Élysée et dont les épais brouillards peinent à se dissiper du point de vue des investisseurs. Ces derniers évoquent également le ralentissement des réformes, particulièrement dans les domaines de la réindustrialisation pourtant érigée en priorité nationale par le chef de l’État.
Enfin, le coût du travail et la situation budgétaire sont également évoqués alors que les débats prévus pour s’ouvrir officiellement ce mardi 19 novembre au palais Bourbon devraient l’être dans un climat de profondes divergences dues à une Assemblée nationale totalement fragmentée selon les intérêts.
Une aubaine pour le Royaume-Uni ?
Tout cela se déroule alors que l’économie est plombée par un chômage en hausse et des fermetures industrielles concernant des groupes considérés autrefois comme des fleurons tricolores, à l’instar de Michelin ou de Carrefour, pour ne citer que deux cas récents.
Bien que personne ne puisse prédire si la France connaîtra le même sort que le Royaume-Uni au moment du Brexit, l’industrie semble particulièrement vulnérable, avec des PME exprimant plus d’inquiétudes que les grands groupes.
De quoi représenter une aubaine pour Londres ? 42% des dirigeants d’entreprise approchés estiment l’attractivité britannique en progrès par rapport à celle de la France ces six derniers mois, selon EY.