Le Premier ministre veut savoir ce que les deux entreprises en pleine restructuration ont fait de l’argent public qu’on leur a donné.
C’est peu dire que Michel Barnier est embarrassé par les coupes annoncées par Auchan et Michellin, deux fleurons entrepreneuriaux français. Interpellé ce mardi sur la question à l’Assemblée nationale, le Premier ministre n’y est pas allé de main morte.
« Je ne suis pas fier (…) d’une politique qui détruirait des emplois, jamais », a rétorqué d’emblée le chef du gouvernement dans des propos rapportés par le journal Le Monde. Il dit notamment être en désaccord avec le plan de suppression de postes annoncé par Michellin.
La société française, leader mondial de la fabrication de pneumatiques, avait informé un peu plus tôt, la cessation d’activité sur les sites de Vannes et Cholet, avec pour conséquence : 1254 emplois en péril. Un crève-cœur pour les salariés décidés à ne rien lâcher.
À Cholet, un mouvement de grève a très vite été voté après l’annonce de la nouvelle qualifiée d’unilatérale par les concernés. « C’est la version voyou du capitalisme. Visiblement, la volonté depuis des années, c’était de laisser la situation dégénérer et puis d’arriver à cette décision brutale », a pesté Gilles Bourdouleix, maire de la région, alors que l’entreprise plaide une situation intenable.
Situations économiques moroses
« Le coût de l’énergie est deux fois plus élevé en Europe qu’aux États-Unis ou en Asie. Aujourd’hui, nos coûts de fabrication en Europe sont deux fois plus élevés qu’ils ne l’étaient en 2019 », indique le directeur général du groupe, Florent Ménégaux, cité par Le Figaro.
Il pointe l’émergence des groupes asiatiques réputés beaucoup moins chers. L’Asie n’est peut-être pas en cause chez Auchan, mais la situation n’est pas meilleure.
Plombé par une succession de résultats économiques et financiers décevants, le géant tricolore de la grande distribution s’est également résolu à tailler dans ses effectifs.
Une dizaine de magasins sont concernés avec plus de 2300 emplois. « C’est catastrophique. C’est choquant, scandaleux ! », a fulminé Franck Martineau, délégué syndical FO Auchan Retail, rapporté par Le Monde, ce mardi.
La colère froide du Premier ministre
« J’ai le souci de savoir ce qu’on a fait dans ces groupes de l’argent public qu’on leur a donné. Je veux le savoir. Et donc nous allons poser des questions et nous verrons si cet argent a été bien ou mal utilisé, pour en tirer les leçons », a poursuivi Barnier à l’Assemblée nationale.
Un ton inhabituellement direct qui traduit une certaine exaspération de l’exécutif face à des décisions de restructuration aux lourdes conséquences sociales.
Face à cette situation critique, le gouvernement déploie une stratégie à plusieurs niveaux, impliquant l’accompagnement individuel de chaque salarié touché pour faciliter les reconversions, de même que la création début 2025, d’un « livret d’épargne industriel ».