Le Doliprane en passe de changer de mains

Opella, fabricant du célèbre paracétamol et filiale du géant pharmaceutique français Sanofi, devrait être cédé à un fonds d’investissement américain.

Le géant pharmaceutique français Sanofi a annoncé vendredi 11 octobre, son intention de céder le contrôle de la moitié de sa division de santé grand public, Opella, au fonds d’investissement américain Clayton, Dubilier & Rice (CD&R). Une décision entérinée par l’entrée en négociations exclusives des différentes parties.

Cette transaction, qui pourrait dépasser les 15 milliards d’euros selon le journal Le Parisien, soulève des questions cruciales sur l’avenir de l’industrie pharmaceutique française et la souveraineté sanitaire du pays. Des points ardemment défendus par le président Emmanuel Macron dans la foulée de la pandémie du Covid-19, il n’y a pas si longtemps.

Au cœur de la présente opération se trouve le célèbre Doliprane, un médicament emblématique qui trône sans doute dans les armoires à pharmacie de millions de Français. Produit sur deux sites en France, à Lisieux et Compiègne, ce paracétamol est bien plus qu’un simple antidouleur : c’est un symbole de l’industrie pharmaceutique tricolore.

Entre stratégie industrielle et souveraineté sanitaire

Hélas, sa production ne semble plus être une priorité pour Sanofi, en proie à un besoin repositionnement stratégique. La firme pharmaceutique justifie ainsi sa décision de céder Opella par la volonté de se recentrer sur le développement de « médicaments innovants », notamment dans les domaines de la biopharmacie et de l’immunologie.

« Cela nécessite des investissements colossaux. Cela représentait cinq milliards d’euros de R&D (Recherche et développement) en 2019, c’est plus de sept milliards aujourd’hui. Et cela va encore augmenter de 700 millions d’euros par an dans les prochaines années », explique la direction de l’entreprise citée par Le Parisien.

Plus significatif, cette dernière ajoute que « la santé grand public ne se situe plus au cœur de notre stratégie ». L’opération souligne les limites du « patriotisme économique » tant vanté par les responsables politiques. Car si le fonds français PAI Partners était également dans les rangs en tant que repreneur potentiel d’Opella, il n’a pas satisfait aux conditions requises.

Le gouvernement tente de sauver la face

Face à cette logique économique qui se heurte aux considérations de souveraineté sanitaire, l’État français tente de sauver la face. Marc Ferracci, ministre en charge de l’Industrie, a rapidement réagi, indiquant « prendre acte » de la décision de Sanofi, tout en soulignant les « points de vigilance » dégagés par cette opération.

Il s’agit pour l’Élysée, à en croire Le Parisien, de garantir le « maintien du siège et des centres de décisions d’Opella sur le territoire national » et « son empreinte industrielle française ».

Alors que les négociations se poursuivent, l’avenir du Doliprane et plus largement de l’industrie pharmaceutique française reste incertain. L’opération pourrait marquer un tournant dans la manière dont la France aborde les questions de souveraineté industrielle et sanitaire.

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