Le Sénégal a élu dimanche Bassirou Diomaye Faye comme nouveau président du pays. Le candidat de l’ex Pastef a battu seize autres prétendants, dont Amadou Ba du parti au pouvoir. Cette victoire est le signe de la consolidation de la démocratie sénégalaise, dans une région habituée aux tripatouillages électoraux et aux coups d’Etat militaires ou constitutionnels.
Dimanche 24 mars, Bassirou Diomaye Faye a été élu président du Sénégal dès le premier tour de la présidentielle avec plus de 50% des suffrages exprimés (7,3 millions d’électeurs). Le candidat du Pastef devient ainsi, à 44 ans, le cinquième chef d’État sénégalais, après Léopold Sédar Senghor (1960-1980), Abdou Diouf (1981-2000), Abdoulaye Wade (2000-2012) et Macky Sall (2012-2024).
Le Sénégal a organisé une élection transparente
Bassirou Diomaye Faye affrontait seize autres candidats, dont celui de la coalition au pouvoir Amadou Ba. Les résultats officiels de l’élection présidentielle n’étaient pas encore publiés que le premier ministre de Macky Sall a reconnu sa défaite dans un court communiqué. Il a souhaité au nouveau chef d’Etat « beaucoup de réussite et de succès pour le bien-être du peuple sénégalais ».
« La victoire de la démocratie sénégalaise »
A l’instar du candidat de Benno Bokk Yakaar, pratiquement tous les autres prétendants au fauteuil présidentiel ont félicité Bassirou Diomaye Faye. Le chef de l’État sortant, Macky Sall, l’a également fait. Il a salué « le bon déroulement de l’élection présidentielle du 24 mars 2024 » et a parlé de la victoire du candidat de l’ex Pastef comme celle « de la démocratie sénégalaise ». C’est d’ailleurs ce que pense l’opinion internationale, qui souligne la maturité du peuple sénégalais.
Le Sénégal, une exception en Afrique
Et il y a de quoi à saluer cette maturité. En Afrique, particulièrement en Afrique subsaharienne, le Sénégal fait figure d’exception. C’est pratiquement le seul pays qui opère des alternances pacifiques et démocratiques depuis son indépendance. C’est aussi pratiquement le seul pays où le parti au pouvoir perd et concède sa défaite dans une élection qu’il a lui-même organisée.
Coups d’Etat électoraux, militaires et constitutionnels en Afrique
Sur le continent africain, on a été habitué à voir le parti au pouvoir passer en force, parfois avec des scores staliniens, après avoir pris soin d’écarter les principaux opposants. On a été habitué également à des coups d’Etat électoraux, militaires ou constitutionnels. Certains présidents modifient même sans cesse la Constitution pour multiplier les mandats. Au Sénégal, Macky Sall a eu la sagesse de se retirer après ses deux mandats réglementaires, même s’il a été tenté de prolonger.
Les pays africains vont-ils suivre l’exemple du Sénégal ?
Tous les amoureux de la démocratie espèrent maintenant que les autres pays suivront l’exemple sénégalais. Mais il ne faut pas se faire trop d’illusions car les mauvaises habitudes politiques ont la peau dure sur le continent. Pour le Sénégal, il faut à présent poursuivre la construction de sa démocratie. Et cette mission échoit à Bassirou Diomaye Faye, considéré comme un politique antisystème.
Ousmane Sonko doit consolider la démocratie et relever d’autres défis
Ce compagnon de lutte d’Ousmane Sonko, véritable leader de l’ex Pastef, a promis une rupture franche dans la gouvernance au Sénégal. Il souhaite notamment revoir les accords de pêche avec l’Union européenne, les relations avec la France et le fonctionnement de la monnaie commune le Franc CFA. Au niveau national, il s’engage à lutter contre la corruption, le clientélisme, la pauvreté, le chômage des jeunes ou encore la vie chère.
Et attention aux lendemains qui désenchantent
Bassirou Diomaye Faye devrait réserver un poste de vice-président à son mentor Ousmane Sonko, qui était le candidat naturel de l’ex Pastef avant d’être frappé d’inéligibilité par le Conseil constitutionnel pour des démêlés avec la justice. Les deux hommes pourraient donc gouverner en tandem. Ils sont considérés par leurs détracteurs comme des populistes, des aventuriers et des néophytes. Espérons pour les Sénégalais que les lendemains ne désenchantent pas.