Nosopharm, une startup nîmoise spécialisée dans le développement de médicaments anti-infectieux, travaille sur un antibiotique efficace contre les infections nosocomiales. Ce traitement exploite Photorhabdus et Xenorhabdus, deux bactéries présentes dans les entrailles des vers parasites et des larves d’insectes. Ces organismes ont démontré un fort potentiel thérapeutique.
D’ici à 2050, au moins 10 millions de personnes pourraient mourir chaque année d’infections bactériennes résistantes aux antibiotiques. Une perspective sombre qui confirme la dangerosité de l’antibiorésistance, classée par l’OMS comme l’une des dix principales menaces pour la santé publique mondiale. Actuellement, il n’existe aucun médicament capable de traiter ce fléau. Les autorités sanitaires appellent les laboratoires et la pharma à développer rapidement des composés avec de nouveaux modes d’actions.
De nouvelles armes contre l’antibiorésistance
A ce jour, les scientifiques utilisent en grande partie les bactéries du sol du phylum, des actinomycètes, pour produire des antibiotiques. Mais ces microbes, quoique prolifiques, ont montré leur limite. Leur potentiel thérapeutique est largement épuisé. D’où la nécessité d’adopter une nouvelle approche. Nosopharm, une entreprise de biotechnologie française, a compris l’enjeu. Elle a décidé de miser sur de nouvelles bactéries présentes dans les entrailles des vers parasites et des larves d’insectes.
Une plateforme de découverte de médicaments
Il s’agit de Photorhabdus et Xenorhabdus. Ces organismes sous exploités produisent des composés qui empêchent les autres microbes d’envahir leurs territoires mais ne nuisent pas à leurs hôtes parasites. Ils ont démontré un fort potentiel antibiotique, qui intéresse aujourd’hui les entreprises pharma. Pour tirer parti de ces formidables bactéries, Nosopharm a conçu une plateforme innovante de découverte de médicaments appelée ExploRhabdus. Le programme le plus avancé de son pipeline est Noso-502.
Des résultats positifs d’études de toxicologie BPL
Cet antibiotique first-in class doit traiter les principales infections nosocomiales causées par les entérobactéries multirésistantes. A savoir Enterobacter spp, Klebsiella pneumoniae et Escherichia coli, qui ont les souches les plus virulentes. Nosopharm a déjà mené des tests de toxicologie BPL. Publiés en juin 2022, les résultats montrent une puissante activité de Noso-502 contre le ribosome bactérien. Le médicament opère avec un nouveau mode d’action qui le rend efficace quel que soit le profil de production de carbapénémases.
Bientôt des essais cliniques chez l’Homme
La R&D antimicrobienne nîmoise a conforté ces résultats avec un autre travail scientifique publié en octobre 2022. Cette étude effectuée en collaboration avec l’Inserm relève que Noso-502 réduit le nombre de bactéries multirésistantes à des niveaux proches de 0. Grâce à ces expériences concluantes, Nosopharm peut préparer des essais cliniques chez l’Homme. Pour conduire cette dernière étape, le groupe a remanié son conseil de surveillance en juillet 2022.
Cap sur la prochaine levée de fonds
Il a nommé Jacques Dumas à la présidence et intégré quatre nouveaux représentants d’investisseurs historiques. La nouvelle équipe devra signer des partenariats stratégiques publics et privés. Puis opérer le prochain tour de table de l’entreprise pour obtenir les financements. Enfin, elle supervisera le développement du programme jusqu’à la phase des essais cliniques chez l’Homme. Si tout va bien, Nosopharm pourra lancer la production et la commercialisation de son antibiotique first-in-class. A condition bien sûr d’obtenir l’approbation des régulateurs.