La nation hôte de la prochaine Coupe du monde de football aurait procédé ces derniers jours à des expulsions de masse, le plus souvent sans préavis, des travailleurs étrangers de son territoire. Cette situation vient une nouvelle fois mettre en lumière le sort peu enviable réservé à la main-d’œuvre dans ce pays.
C’est une information révélée par Reuters ce samedi 29 octobre 2022. Le Qatar aurait entamé depuis trois jours plus tôt une procédure d’expulsion visant des travailleurs étrangers résidant sur son territoire.
L’agence de presse britannique qui parle de plus d’un millier de personnes concernées, dont principalement des chauffeurs et autres travailleurs journaliers, s’appuie notamment sur des témoignages anonymes et des constations surplace.
Des nuits à la belle étoile
Plusieurs habitants d’Al Mansoura, quartier situé près de la municipalité d’Ad Dawhah à Doha, la capitale, ont été sommés mercredi 26 octobre vers 20 heures de quitter leur domicile dans les deux heures suivantes.
Les résidents toujours surplace à la fin de l’ultimatum se sont fait expulser avec interdiction de revenir sur les lieux.
« Nous n’avons nulle part où aller« , a déclaré un homme cité par Reuters. L’intéressé comme tant d’autres concernés sont depuis contraints de dormir à la belle étoile dans des températures pas toujours convenables pour l’organisme, faute de disposer d’autre solution.
Interrogé par Reuters, un officiel du gouvernement dément tout rapport entre ces expulsions et la Coupe du monde de football prévu pour démarrer le 20 novembre prochain. « Tout le monde a depuis été relogé dans des enceintes sûres et appropriées », a-t-il allégué.
Pluie de critiques
Reste que ce type d’accusations sont récurrentes à propos du Qatar. Le pays d’à peine 11 000 km2 pour trois millions d’habitants engagé depuis une dizaine d’années dans les préparatifs de l’organisation du Mondial est souvent accusé de mauvais traitements envers les travailleurs étrangers. Ces derniers constituent selon diverses sources, 85% de la population qatarie.
Travail plus de 12 heures par jour dans des conditions extrêmes, logements insalubres, traitement salarial sous-évalué… Autant d’accusations fréquemment lancées contre l’État du Golfe que nombre d’ONGs soupçonnent d’utiliser la Coupe du monde afin de ripoliner son image.
Les présentes expulsions s’inscriraient d’ailleurs dans cette optique, à en croire certains. Il s’agirait en effet pour le Qatar de débarrasser ses rues de tout ce qui pourrait entacher sa Coupe du monde déjà assez controversée.
La Fifa approchée par Reuters, s’est gardée de tout commentaire.