Selon un sondage Ifop-Bilendi, près d’un quart des jeunes de 15 à 24 ans sont mal informés sur le VIH-SIDA. Florence Thune, directrice générale du Sidaction explique ce chiffre par le fait que le VIH-SIDA est un sujet tabou dans certains lycées et collèges. Les préjugés et les clichés ayant la peau dure, même chez les pédagogues.
A l’occasion de la 25e édition du Sidaction, Ifop-Bilendi a publié un sondage sur l’évolution du VIH-SIDA en France. Selon cette enquête, 23 % des 15 -24 ans s’estiment mal informés sur le VIH/sida, soit deux fois plus qu’en 2009. C’est d’ailleurs le niveau le plus haut jamais atteint depuis 10 ans. Cette méconnaissance de la maladie est d’autant plus inquiétante qu’en 2017, les moins de 25 ans représentaient 12 % des personnes ayant découvert leur séropositivité. Comment expliquer un tel constat ?
Le VIH, un sujet tabou à l’école
Pour Florence Thune, directrice générale du Sidaction, cette tendance est principalement due au fait que « Le VIH est encore tabou dans certains collèges et lycées. D’une part, parce que ces cours d’éducation sexuelle ne sont pas réalisés partout ». Les responsables d’établissements rechigneraient à inscrire l’éducation sexuelle dans leur programme. Parfois c’est sous la contrainte des parents qui estiment que leurs enfants ne sont pas venus à l’école pour apprendre la sexualité. Et quand bien même certains lycées et collèges s’y mettent, les élèves n’ont pas forcément le bon interlocuteur. Généralement ce sont les professeurs de SVT (Sciences de la Vie et de la Terre) qui assurent ce cours. Or il est difficile aux élèves d’aborder cette question avec des adultes qu’ils connaissent. De plus, les professeurs de SVT ne sont pas forcément les mieux placés pour parler de sexualité. Ils n’ont pas reçu une formation spécifique et sont souvent pleins d’idées reçus.
Beaucoup de jeunes ignorent tout du SIDA
Résultat, les jeunes de 15 à 24 ne savent pas grande chose sur le virus du VIH. C’est pourquoi, « selon le sondage, 28 % des jeunes pensent que le VIH peut être transmis en ayant des rapports sexuels protégés avec une personne séropositive, 14 % estiment encore que la pilule contraceptive d’urgence peut empêcher la transmission de virus et 13 % des personnes interrogées pensent encore que le VIH/sida se transmet en buvant dans le verre d’une personne ou par la transpiration », a révélé Florence Thune.
Ce que propose Florence Thune
Pour mieux promouvoir l’information sur le VIH-SIDA dans les écoles, la directrice générale du Sidaction préconise « de renforcer l’éducation à la sexualité dans les collèges et les lycées, afin qu’elle soit proposée dans tous les établissements et qu’elle soit suffisamment conséquente pour aborder tous les thèmes ». En effet, jusqu’à présent il n’y a que trois séances dans l’année pour aborder plusieurs aspects du problème dont le consentement sexuel, la première fois, les moyens contraceptifs… et le sida.
Aussi, Florence Thune souhaite « que la manière de communiquer avec les jeunes évolue. Les affiches de prévention du sida doivent parler aux jeunes. Tout d’abord en représentant des couples hétéros, des couples homos, des personnes aux origines différentes… Lors de cours d’éducation à la sexualité, il faut aussi, le plus possible, scinder la classe en deux, pour faire des groupes non mixtes. Cela permet souvent aux élèves de poser leurs questions plus librement. ».
La Sidaction démarre ce vendredi et durera jusqu’à dimanche.