Quand les cryptos financent la haine du sport féminin

La ligue nord-américaine de basket-ball féminin a été récemment secouée par une série de jets de sextoys sur les terrains, parfois en plein match. Des incidents révélant un mélange troublant de misogynie et d’appât du gain, selon une enquête de The Athletic.

« Je n’ai jamais rien vu de tel. Je suis juste contente qu’on ait surmonté cette situation ». Le 29 juillet dernier, la joueuse des Valkyries de Golden State, Cecilia Zandalasini, se remémorait la frayeur qui avait saisi ses coéquipières et elle quelques minutes plus tôt sur le terrain.

Alors qu’elles étaient en plein match contre l’Atlanta Dream, les joueuses ont en effet vu un sextoy vert fluo surgir des gradins, manquant de peu de blesser l’une d’entre elles. « C’était super dangereux », déclarait Zandalasini après coup en conférence de presse.

« Une de nos joueuses a failli être touchée », renchérissait sa coéquipière Tiffany Hayes, même si toutes deux ont confié avoir fini par rire après avoir « découvert ce que c’était ».

Ce type d’incident s’est répété trois fois en huit jours, jusqu’au mardi 5 août, provoquant l’ire des dirigeants de la WNBA, le pendant féminin de la NBA.

Une communauté crypto qui instrumentalise la misogynie

« C’est ridicule, idiot et stupide », a fustigé Lynne Roberts, l’entraîneuse des Sparks. Derrière ces événements, qui font l’objet d’une enquête de la ligue, se cache un groupe de partisans de cryptomonnaies dont l’objectif est de ridiculiser la WNBA pour en tirer des gains financiers, selon The Athletic.

L’enquête menée par le journaliste Ben Pickman au cours de plus de 30 heures de travail, incluant l’écoute de 5 heures de streams en ligne, a révélé l’existence d’un groupe organisé autour d’une cryptomonnaie appelée « Green Dildo Coin ».

Ce groupe, créé le 28 juillet – soit la veille du premier incident – utilise ces actes comme stratégie marketing pour promouvoir leur memecoin. Il s’agit d’une forme de cryptomonnaie basée sur des mèmes internet, dont la valeur augmente théoriquement avec l’attention publique qu’elle génère.

Comme l’explique Christian Grewell, expert en blockchain à l’université de New York, à The Athletic, les « memecoins » ne coûtent « pratiquement rien à créer, mais peuvent générer des millions de profits en quelques jours ».

Un business-model qui prospère sur l’humiliation

Les streams du groupe contenaient des plaisanteries désobligeantes sur la ligue, des moqueries sur l’audience de la WNBA, et des mèmes plaçant des sex-toys dans les mains des joueuses.

Le groupe a explicitement mentionné dans leurs discussions qu’ils pourraient chercher des « événements plus importants » ou des « moyens créatifs » d’obtenir l’attention des caméras si leur perturbation dans l’espace WNBA devenait « trop longue ».

Preuve de l’efficacité de cette cynique stratégie, la cryptomonnaie $DILDO a enregistré un volume de transactions de plus de 1,5 million de dollars entre le mercredi 6 et le jeudi 7 août.

La plateforme de paris Polymarket a même ouvert des cotes sur la probabilité d’incidents futurs, générant plus de 180 000 dollars de mises sur la question de savoir si un sextoy serait lancé lors d’un match avant le 10 août.

Une source de la ligue a confirmé à Pikman qu’elle était consciente de l’existence du groupe et des streams, sans préciser quelles mesures seraient prises.

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