France : les contradictions de Jean-Luc Mélenchon

La figure emblématique de la gauche radicale française, se dévoile dans toute sa complexité à travers l’enquête menée par Charlotte Belaïch et Olivier Pérou.

L’ouvrage est censé évoquer La France Insoumise (LFI) et son fonctionnement, pas toujours très recommandable. Il débouche finalement sur un portrait de Jean-Luc Mélenchon, le chef du mouvement créé en 2016, sur les cendres du Parti de Gauche, huit ans après son départ du Parti socialiste (PS).

C’est que la figure de celui que l’on désigne également par le sigle JLM est intimement liée voire imbriquée dans l’histoire et le fonctionnement de LFI. Un creuset politique dont les membres portent en fin de compte bien leur surnom d’Insoumis, sauf vis-à-vis de Mélenchon finalement.

Dans « La Meute, Enquête sur La France Insoumise de Jean-Luc Mélenchon » en librairie le 7 mai 2025 aux éditions Flammarion, les journalistes Charlotte Belaïch (Libération) et Olivier Pérou (Le Monde) offrent une plongée d’une rare profondeur dans les coulisses des méthodes de l’ancien ministre délégué chargé de l’Enseignement.

Le sentiment qui émerge de cette enquête à travers les bonnes feuilles publiées par Le Monde est celui d’un homme politique charismatique, mais profondément autoritaire, entretenant un culte de la personnalité et s’entourant de fidèles prêts à tout pour conserver ses faveurs.

La « trahison » comme monnaie courante

Après deux ans d’investigation et plus de deux cents entretiens, les auteurs dressent le tableau d’une organisation où règnent la peur, la suspicion et l’exclusion de ceux qui osent exprimer un désaccord vis-à-vis de la ligne tracée par le chef.

Qu’importe si les « traîtres » (terme fréquemment revenu dans l’ouvrage) sont des alliés de longue date de l’inamovible grand patron. Alexis Corbière l’a appris à ses dépens.

Le député de la Seine-Saint-Denis, vieux compagnon de route de Jean-Luc Mélenchon avec lequel il partage plus de 30 ans de collaboration et de combat politique du PS au Parti de gauche en passant par LFI, s’est vu rejeté d’un cinglant « Ne m’adresse plus jamais la parole » par SMS en décembre 2022 sur fond de désaccord autour du remaniement interne de La France Insoumise.

Le sort réservé à Charlotte Girard, veuve de François Delapierre et ancienne responsable du programme de LFI, témoigne également de cette brutalité du leader pour ses ex-collaborateurs tombés en disgrâce.

La cour du roi et ses intouchables

Qualifiée de « boucherie » par des témoins, son éviction fait suite là encore à des critiques sur le fonctionnement interne du mouvement et à des réserves exprimées concernant l’implication de Sophia Chikirou dans la campagne des Européennes de 2019.

Dans ce système Mélenchon où ce dernier « distribue les bonnes grâces, flatte les uns puis ignore les mêmes et valorise les autres », certains bien évidemment mieux positionnés que d’autres. C’est ainsi que Chikirou se révèle intouchable.

La spécialiste en communication et députée à l’Assemblée nationale également compagne de Mélenchon utiliserait cette relation pour asseoir son autorité. « A La France insoumise, je peux leur dire ce que je veux. Comme je suis la femme du chef, ils obéissent« , aurait-elle confié à Frédéric Hocquard, élu écologiste à la mairie de Paris.

Comparée à « l’impératrice rouge », la veuve de Mao, elle se caractériserait par un « cynisme incroyable » et une brutalité rare envers les collaborateurs du mouvement. Le tout sous le regard bienveillant du chef. « C’est les conneries de Sophia, ne l’écoutez pas », aurait lancé notamment JLM à d’innombrables reprises.

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