Le récent vainqueur de l’Open d’Australie espère ainsi avoir tiré un trait sur cette vieille affaire où se mêlent accusations et ressentiments.
Alors que l’audience devant le Tribunal Arbitral du Sport (TAS) n’était pas attendue avant le mois d’avril, une résolution est tombée, non sans stupéfaction, samedi 15 février 2025 : Jaanik Sinner va purger dès le 9 février, une suspension de trois mois dans le cadre d’une violation des règles antidopage.
Plus précisément, un contrôle positif au clostebol – stéroïde anabolisant interdit pour ses effets de réduction du temps de récupération après des entraînements intensifs et d’accélération de la masse musculaire – en mars 2024 en plein tournoi de Masters 1000 d’Indian Wells aux États-Unis.
Le résultat confirmé lors d’un second test intervenu quelques jours plus tard, avait fait perdre au joueur ses gains financiers et ses points du tournoi – remporté –, sans autre forme de sanction. Une situation qui a suscité de nombreux commentaires, pas toujours bienveillants, en août après la révélation de l’affaire.
L’International Tennis Integrity Agency (ITIA) avait ainsi estimé que le tennisman italien ne portait « aucune faute ou négligence » dans la survenance de cette infraction à la loi. De quoi lui permettre de poursuivre sa carrière.
Une succession de faits préjuciables
En effet, l’enquête a révélé une succession de faits ayant abouti à cette contamination jugée finalement « accidentelle ».
Le physiothérapeute de Sinner, Giacomo Naldi avait utilisé contre une blessure à la main, un spray cicatrisant contenant du clostebol, apporté par l’entraîneur Umberto Ferrara. La contamination s’est produite lors des séances de massage prodiguées par Naldi au joueur.
Cependant, l’Agence mondiale antidopage (AMA) insatisfaite de la décision de l’ITIA, avait fait appel auprès du TAS, provoquant « l’incompréhension » du joueur désormais à la première place mondiale du classement de sa discipline.
La suspension de trois mois vise donc à lever cette épée de Damoclès au-dessus du double vainqueur en titre de l’Open d’Australie (OA). Elle est le fruit d’une négociation entre les deux parties et fondée sur l’Article 10.8.2 du Code de l’Agence.
Un accord « surmesure » dans un parfait timing
Celle-ci indique, dans une déclaration transmise au site d’information The Athletic que l’accord trouvé avec Sinner est une procédure rare, utilisée seulement ‘des dizaines de fois’ sur ‘des milliers de cas’, mais qui s’appuie sur ‘de nombreux précédents’ et représente ‘une issue équitable’ au vu des ‘circonstances spécifiques’ de cette affaire.
Un argument peu convaincant pour de nombreux joueurs et autres observateurs du circuit (Stan Wawrinka, Nick Kyrgios, Daniil Medvedev), qui ont dénoncé en des termes à peine voilés, « un traitement de faveur ».
D’autant que cette issue apparaît comme particulièrement favorable pour le champion italien. S’étendant jusqu’au 4 mai, la suspension lui permettra de manquer les tournois d’Indian Wells et de Miami.
Il devrait toutefois revenir à temps pour le tournoi du Masters 1000 de Rome chez lui, et surtout pour Roland-Garros, le deuxième Grand Chelem de l’année.