Malgré son retrait officiel de la présidence du Rassemblement national en 2022, la députée du Pas-de-Calais continuait de percevoir la coquette somme de 5 000 euros nets par mois du parti.
Une enquête du journal Le Monde révèle que Marine Le Pen a continué à percevoir 5 000 euros mensuels du Rassemblement national (RN) jusqu’à deux ans au moins après son départ de la présidence du parti. Ces versements, qui ont débuté en juillet 2017 lors de sa prise de fonction à la tête de l’ex-Front national, n’ont jamais varié malgré l’évolution de son statut.
Bien qu’aucune loi ne l’interdise, cette constance financière, indépendamment des fonctions exercées par la députée du Pas-de-Calais, interroge sur sa relation à l’argent public.
Dans ses déclarations à la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP), la députée du Pas-de-Calais justifie cette rémunération par sa double fonction de « membre du bureau exécutif » et de « présidente de groupe à l’Assemblée nationale ». Toutefois, elle n’occupe ce second poste que depuis juin 2022.
Cette pratique constitue une exception dans le paysage politique français, car comme le souligne Le Monde, aucun autre président de groupe parlementaire de la précédente législature (dissoute en 2024) ne percevait de rémunération spécifique de son parti à ce titre.
Un deux poids, deux mesures qui questionne
La situation est d’autant plus troublante que Jordan Bardella, qui a succédé officiellement à Marine Le Pen à la tête du parti en novembre 2022, n’a perçu aucune rémunération.
Les comptes du RN ne font état que de modestes remboursements de frais pour le président actuel : 7 163 euros en 2022 et 670 euros en 2023, auxquels s’ajoute la mise à disposition d’un véhicule avec chauffeur.
Cette rémunération de la triple candidate à la présidentielle avait déjà fait polémique en 2022, révélée par Libération, mais ce traitement inégalitaire interroge sur l’organisation interne du RN. D’autant plus que, selon le même journal, Marine Le Pen se serait opposée à toute rémunération de Bardella.
Cette pratique remet également en question la cohérence du discours de la fille de Jean-Marie Le Pen, qui se présente volontiers comme la porte-parole de « la France des oubliés ».
Un engagement supposément désintéressé
« Qu’est-ce qui pousse des hommes et des femmes à distribuer des tracts, à sacrifier des moments de loisir pour aller de porte en porte convaincre, à coller des affiches par tous les temps plutôt que d’aller faire une partie de pêche ou prendre un apéro avec les copains ?« , s’interrogeait-elle le 1er mai dernier dans un discours sur l’engagement citoyen.
Elle a poursuivi : « C’est d’abord votre profonde aspiration à la justice, tant l’injustice crée de la souffrance dans une âme bien faite. C’est aussi la générosité qui vous pousse à ne pas vouloir le meilleur seulement pour vous-même et les vôtres, mais pour le pays tout entier« .
Le moins que l’on puisse dire, c’est que son engagement à elle est tout sauf désintéressé.