Le secrétaire général de l’Élysée refuse à nouveau de déférer à la convocation d’une commission d’enquête, cette fois au Sénat, dans le cadre du scandale du traitement illégal des eaux impliquant Nestlé.
Le Sénat ne verra pas l’ombre d’Alexis Kohler ce mardi 8 avril 2025. La chambre haute censée accueillir le secrétaire général (SG) de l’Élysée dans le cadre des travaux de la commission d’enquête destinée à faire la lumière sur l’affaire de la fraude aux eaux minérales Nestlé a eu la désagréable surprise d’apprendre que l’intéressé ne se déplacera pas.
Le motif évoqué ? Le sacro-saint principe de la séparation des pouvoirs. Lequel suggère que le secrétaire général de l’Élysée, en tant que plus proche collaborateur du président de la République, bénéficierait d’une forme de protection institutionnelle liée à la fonction présidentielle.
Une position incohérente aux yeux du rapporteur de la commission, le sénateur socialiste Alexandre Ouizille. « Cela ne correspond pas à l’esprit qui était celui des échanges qu’on a eus avec l’Élysée », a-t-il fait savoir à l’AFP, ajoutant que la présidence de la République avait accepté de livrer des documents à sa commission d’enquête.
Des zones d’ombre à éclaircir
« Je ne vois pas en quoi le fait de nous envoyer des documents ne serait pas couvert par le principe de séparation des pouvoirs et pourquoi le fait de venir en audition le serait », a-t-il poursuivi, alors que des zones d’ombre persistent quant au rôle de l’Élysée dans ce scandale révélé l’année dernière par la presse.
Selon une enquête conjointe du « Monde » et de Radio France, Nestlé via plusieurs marques, aurait procédé de façon illégale à la purification de ses eaux en bouteille pendant de nombreuses années, avec l’assentiment de la présidence de la République.
Des documents mentionnés par les deux journaux font notamment mention de plusieurs réunions entre Alexis Kohler et des cadres de haut niveau de Nestlé dans le cadre d’un lobbying actif du géant suisse de l’agroalimentaire.
Une dérobade récurrente
Des échanges dont le président Emmanuel Macron dément avoir été au courant, alors que l’Élysée les présente comme une réponse normale aux sollicitations d’acteurs économiques, tout en précisant qu’aucune décision n’a émané de la présidence sur cette affaire.
Alors que la commission d’enquête doit clore ses travaux d’ici le 19 mai, l’incertitude demeure concernant la gestion du cas Kohler. Car si la loi permet d’engager des poursuites judiciaires contre toute personne ayant décliné la convocation à une commission d’enquête, Alexandre Ouizille ne s’est pas épanché sur cet aspect.
Pour le SG de l’Élysée qui doit quitter son poste à la mi-avril, il s’agit d’une pratique récurrente. Il avait déjà boycotté la participation à une commission d’enquête de l’Assemblée nationale sur le dérapage budgétaire, invoquant les mêmes motifs. Le député Éric Coquerel avait répondu par la promesse d’une action judiciaire.