Le patron de l’Élysée usé par les conséquences de sa propre gouvernance traverserait l’un des pires moments de sa présidence.
Si Emmanuel Macron pouvait s’épancher sans gêne, il s’écrierait sans doute : « mais dans quoi, diable, me suis-je fourré ! ». Aussi surprenant que cela puisse paraître, la présidence de la République semble devenir un costume de plus en plus étroit pour l’ancien ministre de François Hollande.
C’est du moins ce que décrit de façon fort bien documentée, dans une chronique parue dans Le Monde le 5 novembre dernier, la journaliste Solenn de Royer-Dupré. Plus esseulé que jamais, le 8e chef de l’État de la Cinquième République française vivrait avec une triple hantise.
Il s’agit : d’éviter de se laisser assombrir par son Premier ministre, renouer le lien avec sa famille politique et faire en sorte que ses dix ans de règne ne se résument finalement pas au déficit public dont le trou ne cesse d’agrandir.
S’il est plus ou moins établi qu’un président en fin de mandat puisse susciter une certaine indifférence en raison précisément de ce timing, le cas d’Emmanuel Macron détonne. En effet, c’est paradoxalement, ses propres actions qui semblent lui revenir désormais tel un effet boomerang, selon Solenn de Royer.
La dissolution comme accélérateur
La chroniqueuse évoque notamment la dissolution de l’Assemblée nationale prononcée le 9 juin 2024, comme un élément accélérateur de la déliquescence actuelle du locataire de l’Élysée. Un coup de poker qui n’aura pas produit l’effet escompté, à savoir : permettre au camp présidentiel de se poser en rempart de l’extrême droite.
Non seulement Macron a perdu sur le plan de l’arithmétique électorale, mais son camp lui tourne désormais le dos, sans doute ébranlé par le peu de confiance que leur a témoigné le grand chef à travers cette dissolution du parlement décidée quasiment seul.
De fait, peu de parlementaires parmi les naufragés du 9 juin nourrissent de la crainte due à sa fonction au président. Pire, il semble avoir son pouvoir de séduction. En témoigne le temps anormalement long – 51 jours – entre la démission du gouvernement post-dissolution et la formation d’un nouvel exécutif.
La fin de la Macronie ?
Un temps durant lequel quelques candidats sollicités par le chef de l’État pour Matignon ont poliment décliné l’offre. Emmanuel Macron au plus bas dans les sondages (17% selon une enquête Verian-Epoka publiée le 30 octobre 2024, soit un pire score que lors de la crise des Gilets jaunes) semble également relégué au passé par son propre camp.
« Jeune loup aux dents longues », son ancien ministre et Premier ministre Gabriel Attal est plus que jamais décidé à faire sien le parti présidentiel – Renaissance – ou ce qu’il en reste dans la perspective de l’échéance électorale de 2027.
Cela pose cette ultime question : de quel héritage devra se réclamer l’ex-chef de la Macronie, si même le parti qu’il a créé, ne lui survit pas ?