Viols de Mazan : Gisèle Pelicot poussée sur le banc des accusés

Après les aveux du principal accusé, Dominique Pelicot, le procès des viols de Mazan s’est poursuivi ce mercredi avec le témoignage d’autres violeurs. Les avocats de ces derniers ont laissé entendre que Gisèle Pelicot a pu être complice des agressions sexuelles, dans un jeu d’échangisme orchestré par son mari. La victime se sent humiliée par de telles insinuations.

Ce mercredi 18 septembre 2024, Gisèle Pélicot a fait face aux avocats des hommes accusés de l’avoir violée pendant dix ans, par soumission chimique, avec l’aide de son mari. La septuagénaire a accepté de revivre publiquement son calvaire, sans huis clos. Elle souhaite que cette affaire serve d’exemple, pour prévenir d’autres drames. Ainsi, 27 clichés d’elle, prises à son insu, ont été diffusés au tribunal d’Avignon. Sur ces images, on la voit nue, jambes écartées, pénétrée par deux individus.

Gisèle Pelicot accusée par la défense d’avoir été complice de son époux

Malgré l’évidence, Me Isabelle Crépin-Dehaene, l’avocate de l’un des accusés, a estimé que sur ces photos « Gisèle Pelicot semble parfaitement éveillée et souriante ». Elle soupçonne en fait Mme Pelicot d’avoir été complice de son mari et d’avoir simplement prétendu être inconsciente pour s’adonner à un jeu sexuel consenti. Elle ne croit d’ailleurs pas à la thèse de la soumission chimique en raison de la consommation d’alcool de la victime. La défense pense que ses clients ont pu être « attirés » et « trompés » par le couple.

« On cherche à me piéger ? »

Ces déclarations ont fait sortir Gisèle Pelicot de ses gonds. « On cherche à me piéger ? Depuis que je suis entrée dans cette salle, je me sens humiliée. Il faut avoir de la patience pour entendre tout ce que j’entends ! », s’est-elle offusquée. « On a tout dit de moi, que j’étais ivre, que je faisais semblant de dormir, que je les avais appâtés… (…) Je suis en train de me justifier, c’est insultant ! », ajoute-t-elle. Mme Pelicot a juré qu’elle n’a jamais autorisé son mari à filmer leurs ébats. « Je n’ai jamais fait d’échangisme, ces photos ont été faites à mon insu », a-t-elle insisté.

Gisèle Pelicot droguée par son mari pendant dix ans

Mais Me Isabelle Crépin-Dehaene n’y croit pas. Elle rétorque que « ce n’est pas possible ». Pourtant, lors de l’audience de mardi, Dominique Pelicot lui-même a reconnu les faits, déclarant être « un violeur ». Il a également demandé pardon à son épouse, qui « ne méritait pas ça ». Le septuagénaire est accusé par sa femme de l’avoir droguée aux anxiolytiques pour ensuite la faire violer par des dizaines d’hommes recrutés sur internet. Et cela pendant dix ans, de juillet 2011 à octobre 2020.

Dominique Pelicot filmait sous les jupes

Gisèle Pelicot a su ces abus par un grand hasard. Elle ignorait tout, des viols, jusqu’à ce que des policiers viennent les lui révélés. Ces derniers ont interpellé son mari dans un supermarché, alors qu’il filmait sous les jupes de clientes. C’est en inspectant son téléphone qu’ils ont découvert l’horreur que cet homme faisait subir à sa femme. Dominique Pelicot a reconnu facilement tous les faits qui lui sont reprochés et montre une réelle volonté de tout déballer. Tout le contraire des 51 autres coaccusés âgés de 26 à 74 ans.

L’affaire Mazan, le MeToo français ?

Ces autres hommes assurent avoir été piégés. Dominique Pelicot leur aurait dit qu’il s’agit d’un jeu sexuel consenti par le couple. On ne sait pas qui ment, mais la diversité des profils interroge. Parmi ces présumés violeurs il y a un pompier, des artisans et un militaire. Le procès, dit celui de la masculinité ordinaire, se poursuit ce jeudi avec le témoignage de deux autres accusés. Il prendra fin le 20 décembre prochain. Cette affaire est perçue comme le MeToo français, déclenchant une vague de soutien et une forte mobilisation contre la culture du viol.

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