En France, la croissance du PIB n’a progressé que de 0,2% au troisième trimestre 2022, selon l’Insee. L’institut table sur une croissance de 2,5 % pour toute l’année. Un chiffre en deçà du seuil de 2,7 % anticipé dans les textes budgétaires votés au Parlement.
D’après des chiffres publiés par l’Insee vendredi, la croissance du PIB français a progressé de seulement 0,2 % au troisième trimestre 2022. Elle décélère donc après avoir crû de 0,5% au printemps. La croissance économique française reste toutefois conforme aux prévisions de l’Institut et se situe légèrement en deçà de celles de la Banque de France (+0,25%). Elle a bénéficié d’une légère progression de la production de services (+0,5%), en retrait toutefois par rapport au précédent trimestre (+1%). La consommation des ménages, son principal moteur, a stagné durant cet été après une légère progression au deuxième trimestre (+ 0,3 %).
La consommation alimentaire en retrait
Dans le détail, la consommation d’énergie maintient sa bonne dynamique avec +0,6%. Tout le contraire de la consommation alimentaire, en retrait de −1,6 % sur le trimestre. L’Insee précise que le commerce extérieur a cédé − 0,5 point, après + 0,0 point aux deux trimestres précédents. En cause, une plus faible expansion des exportations (+ 0,7 %) par rapport aux importations (+ 2,2 %). Le recul des exportations se fait particulièrement sentir dans les services, qui ont reculé de − 0,4 % après +3,3 % au printemps. L’Insee relève en outre la poursuite de l’accélération de l’investissement avec un bond de 1,3 %. Cette dynamique s’appuie essentiellement sur le secteur manufacturier.
Une croissance nulle au 4e trimestre
Charlotte de Montpellier, économiste chez ING, estime qu’« on peut difficilement caractériser la performance économique du troisième trimestre comme très solide » car « il s’agit surtout de résorber des arriérés de production ». Pour les trois derniers mois de l’année, l’Insee prévoit un contexte économique plus difficile. L’institut s’attend à une croissance nulle au 4e trimestre. Il observe que l’inflation, qui est brutalement repartie à la hausse en octobre à 6,2% sur un an (contre 5,6 en septembre, a déjà commencé à chauffer le portefeuille des Français à deux mois des fêtes de fin d’année. L’Insee table sur un recul du pouvoir d’achat sous les coups de la flambée des prix. Pendant l’été, les prix de l’alimentation, par exemple, ont caracolé en tête de l’indice, avec une hausse de 11,8%.
La dernière année avant la récession ?
Pour le dernier trimestre de l’année, l’Insee s’attend à une progression du taux d’épargne à 17%, contre 15,5% au premier semestre. En cause, la propension des ménages français à économiser face à l’inflation. Enfin, si la croissance économique du dernier trimestre était nulle, l’institut s’attend à une évolution du PIB à 2,7 % sur l’ensemble de l’année, contre 2,5 % au 30 septembre. C’est dans la fourchette des textes budgétaires en cours d’examen au Parlement. Au-delà, en 2023, les perspectives seraient plutôt sombres. Maxime Darmet, économiste spécialiste de la France chez Allianz Trade, considère ainsi le troisième trimestre comme « le dernier hourra avant l’entrée en récession ».