Face à Le Pen, la gauche joue l’autruche

Malgré la perspective de plus en plus forte d’un duel Macron-Le Pen au second tour de la prochaine présidentielle, nombre de responsables de gauche refusent d’évoquer leur préférence. Il y a pourtant urgence à s’engager clairement dès maintenant, selon plusieurs observateurs politiques.

Faire barrage. L’expression revient au bout des lèvres depuis un certain temps, presque à chaque présidentielle. Et pour cause, Marine Le Pen n’est plus un simple épouvantail. La présidente du Rassemblement national (RN) constitue désormais une sérieuse menace électorale à la fois pour la gauche et la droite. En témoigne un sondage Ipsos- Sopra Steria publié début février et plaçant l’ancienne finaliste de la dernière présidentielle à égalité (25 % des intentions de vote) avec le chef de l’État, Emmanuel Macron au premier tour du scrutin d’avril.

Face à cette hypothèse de plus en plus probable se pose la question de la stratégie à mener par les partis de gauche pour conjurer ce mauvais sort. D’autant plus que leurs électeurs refusent de servir à nouveau de caution à une politique qui n’est de droite que de nom. C’est le sentiment de nombre de personnes, restitué samedi dernier à travers une enquête de Libération. À en croire le journal, une grande proportion de Français affiliés à la gauche est prête à voir Marine Le Pen rejoindre l’Élysée en avril prochain. Déçu par le quinquennat de Macron pour lequel ils avaient opté en 2017 à défaut de mieux, ils refusent tout simplement de faire à nouveau barrage cette fois.

La gauche en très mauvaise posture

Du côté des responsables politiques de gauche, la panique se mêle à la résignation. Une résignation toutefois feinte, puisque plusieurs élus refusent toujours de se dévoiler. À la question : « pour qui voteriez-vous en cas de second tour entre Marine Le Pen et Emmanuel Macron ? », beaucoup préfèrent botter en touche, s’ils ne renvoient pas la responsabilité de la situation à l’actuel régime. Ni le patron de la France Insoumise, Jean-Luc Mélenchon, ni l‘écologiste Yannick Jadot, encore moins Olivier Faure du PS, ne se prononcent clairement sur la question. Cette attitude a de quoi irriter certains qui y voient une façon de faire le jeu de Le Pen et son extrême droite.

La perspective de voir la présidente du RN gouverner la France est un sentiment que la gauche abhorre. Mais comment l’éviter dans ce contexte d’agonie généralisée. Aucun des noms pressentis candidats en avril prochain ne passe la barre des 10 % au premier tour, selon un sondage commandité par franceinfo et « L’Obs » en février dernier.

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