Haute-Savoie : une nouvelle affaire concernant des chants de coq

 

Des coqs et des poules dans un poulailler

Après le très médiatique procès du coq Maurice, une nouvelle affaire de chants de gallinacés a surgi cette fois en Haute Savoie. Un couple avait porté plainte pour « troubles du voisinage ». Le propriétaire des coqs a désormais l’obligation de faire cesser les « nuisances sonores excessives ».

3000 euros de dommages et intérêts

Fils d’agriculteurs vivant depuis plusieurs générations au hameau de la Gruy sur la commune de Saint-Sylvestre (Haute Savoie), Daniel Bauquis, 57 ans, élève une vingtaine de poulets chez lui pour des besoins de consommation domestique. S’il supporte tout naturellement les chants des gallinacés, ce n’est pas le cas d’un couple, habitant autrefois en ville. Ce dernier a décidé de porter plainte contre Daniel Bauquis pour « troubles du voisinage ». L’agriculteur a été condamné le 15 juillet par le tribunal d’instance d’Annecy pour le motif susmentionné. Il doit à présent payer 3000 euros de dommages et intérêts, 1200 euros de frais de justice. Il a surtout l’obligation de faire cesser, sous astreinte, les « nuisances sonores excessives », selon le jugement. Mercredi 25 septembre, son avocate, Marie-Noëlle Provent, a indiqué avoir interjeté appel à la cour d’appel de Chambéry.

« Les ruraux se sentent agressés dans leurs pratiques quasi ancestrales »

Depuis cette affaire, Daniel Bauquis mange ses poulets, les uns parès les autres. Il n’en a conservé que deux, qui risquent bientôt de connaître le même sort que leurs congénères. Des amis ont lancé une pétition de soutien « Sauvons les deux coqs de Saint-Sylvestre », comme les deux rescapés ne portent pas de nom. L’initiative enregistrait plus de 2000 signatures ce mercredi à la mi-journée.

Daniel Bauquis regrette la décision de justice. « Aujourd’hui, on marche sur la tête. Tout le monde vient à la campagne pour être tranquille et on nous emmerde », peste-t-il. Il ne voit pas pourquoi il vivrait selon ces néo-ruraux, alors que lui, il « ne se plaint pas d’avoir du mal à se garer quand il va en ville ». Pour Me Marie-Noëlle Provent, nous sommes à l’aube d’un problème de cohabitation entre deux modes de vie jusque-là éloigné l’un de l’autre. « Les néo-ruraux se multiplient et les problèmes se sont multipliés aussi. La sociologie des villages a profondément changé, notamment en Haute-Savoie, où le foncier est rare et cher », a souligné l’avocate. Cette situation fait que « les ruraux se sentent agressés dans leurs pratiques quasi ancestrales », ajoute-t-elle.

Une proposition de loi pour sauver le patrimoine des campagnes

Face à la répétition de ce genre de conflits, des députés de tous bords, emmenés par Pierre Morel-À-L’Huissier (Lozère), ont déposé le 11 septembre une proposition de loi visant à « définir et protéger le patrimoine sensoriel des campagnes françaises ». Ce patrimoine, c’est par exemple le « chant du coq, le tintement des cloches, le braiment de l’âne, l’odeur du fumier ou des poulaillers, les coassements de batraciens etc. ».

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